Lettre ouverte rédigée par le Sénateur Max Brisson et signée par 110 parlementaire. Elle est parue dans le JDD, 25 mai 2025
S’adressant au ministre de l’Enseignement supérieur, une centaine de sénateurs dénoncent l’idéologie qui prévaut à l’université à partir du cas du professeur Fabrice Balanche
Monsieur le ministre de l’Enseignement supérieur,
Il est des noms qui, soudainement, cristallisent une époque. Non parce que le professeur Fabrice Balanche cherche la lumière, mais parce que certains cherchent à l’en priver. Et c’est ainsi qu’un évènement, qu’un nom, devient un symbole et concentre en lui les tensions, les peurs, les renoncements d’une époque.
C’est une offensive concertée d’idéologues sectaires, de militants wokistes adossés à un islamisme qui ne cesse de tester nos limites
Tel est malheureusement le cas du professeur Balanche, maître de conférences en géographie à l’université Lyon 2 et spécialiste du Moyen-Orient. Car, mardi 1er avril, l’agrégé de géographie n’a pas été réfuté mais il a été forcé en plein cours, de se taire, par l’injure et la violence. Il a été pris pour cible par des partisans d’une idéologie nauséabonde, qui prône l’obscurantisme et n’accepte ni la contradiction ni le débat éclairé. Et parce que ses analyses heurtent certaines certitudes militantes, il a été mis au ban.
Ce qui s’est passé à la faculté Lyon 2 n’est ni un petit incident, ni un dérapage isolé provoqué par des jeunes exaltés. C’est une offensive concertée d’idéologues sectaires, de militants wokistes adossés à un islamisme qui ne cesse de tester nos limites. La France a toujours fait de l’université le creuset de son intelligence collective, sur un principe simple cher à Condorcet : tout peut être pensé et tout doit pouvoir être dit. A travers le maître de conférences, c’est bien plus qu’un homme ou qu’un universitaire qui a été ciblé. Car que resterait-il d’une université où l’homme libre n’aurait plus le droit de s’exprimer ni de contester les principes établis ?
Nombre de nos universités s’érigent désormais en véritables citadelles de l’extrême gauche
Monsieur le ministre, l’heure n’est plus à la naïveté ; il est temps d’ouvrir les yeux et de passer à l’action. Au nom de la liberté académique, nous pouvions en effet nous attendre, de la part de la présidence de l’université, à un soutien franc et massif envers le professeur Balanche. Au lieu de cela, après plusieurs jours d’un silence assourdissant, la présidente de l’établissement Lyon 2 a simplement expliqué « ne pas être étonnée, eu égard à ses analyses sur Gaza ». Vous-même dans la foulée avez qualifié ces propos « d’expression malheureuse ». Malheureuse, Monsieur le ministre, en effet, mais non parce qu’elle fut prononcée par maladresse, mais bien parce qu’elle traduit la pensée profonde de nombreux personnels universitaires qui ne supportent plus la moindre contradiction et ferment les yeux sur des actes de violence lorsque ceux-ci servent le dessein de l’idéologie à laquelle ils aspirent.
Oui, Monsieur le ministre, l’heure n’est plus à la naïveté. Nombre de nos universités s’érigent désormais en véritables citadelles de l’extrême gauche, solidement défendues par des directions, des professeurs et des personnels, complaisants voire complices.
Au nom d’une idéologie radicale, les recrutements de professeurs et de chercheurs sont biaisés, la captation et le fléchage des financements organisés, la recherche orientée
Au nom d’une idéologie radicale, les recrutements de professeurs et de chercheurs sont biaisés, la captation et le fléchage des financements organisés, la recherche orientée, la controverse étouffée, le pluralisme muselé. Et gare à ceux qui oseraient penser différemment ; ils se retrouvent ostracisés, invectivés, violentés.
Aussi, nous sénatrices et sénateurs, affirmons avec force : assez de ces lâchetés institutionnelles, assez de cette morale inquisitoriale. Refusons de laisser ces enrager piétiner la liberté académique et notre modèle universitaire. Car si la République, notre République, n’a jamais crains le désordre des idées, elle craint par-dessus tout l’ordre des dogmes.
Nous l’affirmons. Non pour défendre un homme, mais pour sauver une idée : celle que la vérité ne naît jamais du silence, mais toujours du débat, et que l’université se meurt si la liberté s’y tait.
Les signataires
Max Brisson, porte-parole du groupe Les Républicains du Sénat, sénateur des Pyrénées-Atlantiques ; Agnès Evren, porte-parole du groupe Les Républicains du Sénat, sénatrice de Paris : Mathieu Darnaud, président du groupe Les Républicains du Sénat, sénateur de l’Ardèche ; Roger Karoutchi, ancien ministre, sénateur des Hauts-de-Seine ; Valérie Boyer, sénatrice des Bouches-du-Rhône, etc.