La ligue arabe a réintégré la Syrie après 11 années de suspension. C’est une victoire pour la Syrie mais également pour l’Arabie Saoudite qui s’affirme comme le maitre des horloges sur la scène arabe. L’isolation de la Syrie sur le plan régional est officiellement rompu. Le prochain acte sera la normalisation avec la Turquie après les élections. Erdogan et l’opposition y sont tous les deux favorables.

Fin avril, après l’aïd el-fitr, le ministre des affaires étrangères saoudiens, Fayçal Ben Farhan, s’était rendu à Damas pour sceller la réconciliation entre les deux pays. A la conférence sur la sécurité de Munich, mi-février 2023, le même ministre saoudien avait exprimé sa volonté de renouer le dialogue avec Bachar al-Assad, car la situation de la population en Syrie et réfugiée dans les pays voisins est désastreuse. Le récent séisme n’a fait qu’accélérer la descente aux enfers du peuple syrien. Or, cela engendre un risque de déstabilisation régionale pour des décennies comparable au problème des réfugiés palestinien après 1948. Il faut préciser que la sollicitude de l’Arabie Saoudite à l’égard de la Syrie s’inscrit dans le contexte de la réconciliation avec l’Iran réalisée sous l’égide de la Chine. Le 10 mars 2023, les deux pays ont ainsi prévu de rétablir leurs relations diplomatiques et le roi Salman a officiellement invité le président Ebrahim Raïssi à se rendre en Arabie Saoudite. La diplomatie dite « du tremblement de terre de « Bachar el-Assad » fonctionne grâce à ce processus d’apaisement au niveau régional. Par ailleurs, le séisme est la meilleure occasion de se rapprocher sans perdre la face. Les condoléances sont des moments de réconciliation entre parents fâchés ou voisins hostiles qui finalement n’attendent qu’une occasion pour effacer le passé.

L’heure est donc à la réconciliation au Moyen-Orient avec comme faiseurs de paix la Chine et la Russie. Pour l’Arabie Saoudite, il s’agit également de ne pas laisser les initiatives diplomatiques aux EAU. Les deux pays sont désormais en froid, ils s’opposent plus qu’ils ne soutiennent au Yémen et rivalisent dans leurs relations avec les Etats-Unis, la Russie et la Chine. Mohamed Ben Salman veut que son pays soit le gendarme du Moyen-Orient, pour cela, il doit prendre l’ascendant diplomatique dans la sphère arabe. Le règlement de la crise syrienne pourrait lui en donner l’occasion. Mais, tout comme avec Recep Tayyep Erdogan, Bachar al-Assad ne se précipitera pas dans les bras de MBS sans avoir fait monter les enchères au maximum. La patience demeure son atout majeur.

Bachar el-Assad devait donc être à Ryadh le 19 mai pour la réunion de la Ligue Arabe. C’est une victoire diplomatique, car il n’y a plus d’obstacle à la réouverture de toutes les ambassades arabes en Syrie. La solidarité arabe doit demander désormais la levée définitive des sanctions sur le pays aux Occidentaux. Une partie d’entre elles sont levées provisoirement pour raison humanitaire, il sera difficile désormais de les rétablir.